Même si, dans la mémoire collective nationale, l'offensive Nivelle du printemps 1917, avec les noms qui s'y rapportent, le Chemin des Dames, Craonne, Heurtebise, le Plateau de Californie, évoque un échec ayant occasionné des pertes très lourdes, ce livre vise à démythifier certaines idées qui perdurent un siècle plus tard, comme le phénomène des « Mutineries », mais surtout, en donnant la priorité à la planification et à la conduite des opérations, il cherche à expliquer pourquoi et comment le commandement, et pas seulement Nivelle, facile bouc émissaire, en est arrivé à cette situation d'échec.
Comment et dans quelles circonstances, le général Nivelle a-t-il été nommé commandant en chef ? Quels objectifs stratégiques visait le commandant en chef ? Pourquoi existait-il un tel hiatus entre ces objectifs stratégiques et les contraintes tactiques ? Comment a été choisie la zone d'engagement du Groupe d'Armées de Réserve ? Quel a été le rôle exact joué par Mangin ? Pourquoi Nivelle n'a-t-il pas modifié sa conception d'ensemble après le repli allemand du mois de mars 1917 ? Comment Pétain, en se posant d'emblée en opposition par rapport aux conceptions de son chef, s'est-il imposé comme son successeur ? Quelles sont les responsabilités politiques dans le déclenchement de l'offensive et sur quelles bases fonctionnaient les relations politico-militaires après la mise à l'écart de Joffre ? Pourquoi Lyautey a-t-il refusé d'endosser la responsabilité de l'offensive ? Pourquoi le terme de « Mutineries », appliqué à des mouvements d'indiscipline collective, s'est-il imposé depuis un siècle ? Comment cette grave crise du moral a-t-elle été réglée ? C'est à ces questions, et à bien d'autres, que répond cet ouvrage.
En démontant le mécanisme de la conception de cette dernière offensive, et en la mettant en perspective avec les opérations conduites l'année suivante sur le théâtre français, Claude Franc explique pourquoi cette offensive a constitué une rupture dans la conception des opérations offensives. Il y aura un « après-16 avril ».
Au-delà des responsabilités encourues par tel ou tel acteur, civil ou militaire, et même des pertes subies par l'armée française, cette bataille mérite d'être bien comprise dans ses dimensions stratégique et opérative, sans se limiter à la seule approche tactique.
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Claude FRANC, Colonel en retraite, saint-cyrien de la promotion maréchal de Turenne, breveté de la 102e promotion de l'École Supérieure de Guerre, s'est spécialisé dans les aspects stratégiques et tactiques des conflits du XXe siècle, sujet sur lequel il a déjà publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles.